🌿 Ce que j’ai pu observer dans ma propre famille
Parce que parfois, ce sont de toutes petites choses qui transforment tout un moment.
Lors des dernières vacances scolaires, j’ai rendu visite à ma grand-mère avec ma famille.
Je suis arrivée avec la musique du pansement Schubert de Claire Oppert dans mon téléphone.
La communication entre nous n’était presque pl car je savais que c'était probablement notre dernière rencontre.
us possible tant son état de santé l’emportait sur tout.
Alors je lui ai simplement fait écouter la musique.
Et la musique a fait ce que les mots n’arrivaient plus à faire.
Elle est entrée en elle comme une douceur.
Elle a glissé dans son corps fatigué, dans sa douleur devenue trop grande.
Pendant quelques minutes, tout semblait plus léger, plus respirable.
Une parenthèse dans la densité du moment.
Un souffle.
Avec ma seconde grand-mère, qui elle aussi est en EHPAD, c’est différent.
Elle cherche souvent ses mots.
Alors je prends un objet au hasard.
Ce jour-là, c’était un petit lutin en céramique, le cadeau d’invité du mariage de mon frère.
Je lui ai demandé si elle se souvenait d’où il venait.
Et elle s’est mise à me raconter son histoire.
Elle moulinait parfois, cherchait longtemps ses mots… mais elle y arrivait.
Et quand elle retrouvait le fil, son visage s’ouvrait.
Il a suffi d’un petit souvenir, d’une sensation revenue de loin, pour que quelque chose se réveille.
Une présence, une émotion, une seconde de lumière.
Et c’était déjà immense.
Et puis il y a eu ce moment si simple, si beau.
Elle venait d’entendre de la musique lors d’une animation, et elle m’a dit :
« Tu sais, j’aimais beaucoup danser avant… mais maintenant, c’est fini. »
Je me suis assise tout près d’elle.
Et je lui ai murmuré :
« Tu sais, mamie… tu peux encore danser dans ta tête. Ferme les yeux, et danse. »
Elle a fermé les yeux.
Son corps s’est détendu.
Et ses yeux se sont éclairés comme si elle tournait, là, dans une salle de bal invisible, rien qu’à elle.
Son corps ne pouvait plus suivre, mais son imaginaire, lui… oui.
Et c’est cela qui l’a ramenée, l’espace d’un instant, dans quelque chose de doux, de vivant, de pleinement présent.
Ces trois moments n’étaient rien…
et ils étaient tout à la fois.
Des gestes simples, des gestes tendres, mais profondément humains.
Ils m’ont rappelé ceci :
même quand la maladie prend beaucoup, on peut encore offrir quelque chose.
On peut adoucir.
On peut apaiser.
On peut réveiller une étincelle, une présence, un souvenir.
On peut déposer une petite lumière dans une journée qui en manque.
Et ces petites lumières-là…
ce sont celles qui comptent le plus.